Ce n’est un secret pour personne : la réduction des émissions de carbone, la sécurité de l’approvisionnement et l’augmentation des coûts de l’énergie incitent les pays du monde entier à réduire leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Conséquence : les investissements dans les énergies propres doivent augmenter très conséquemment.
Cette évolution entraîne une croissance significative du développement des infrastructures renouvelables, créant ainsi de nouvelles opportunités pour les investisseurs institutionnels.
Les chiffres de BloombergNEF indiquent que le secteur de l’énergie est à un point de basculement. Les investissements dans les technologies à faible teneur en carbone atteignent les niveaux des capitaux déployés dans l’extraction et l’approvisionnement en combustibles fossiles traditionnels.
La majorité des nouveaux investissements se dirigent vers les technologies plus vertes. Outre le financement d’énergies renouvelables (éoliennes ou les grands parcs photovoltaïques), des investissements importants sont consacrés au marché tertiaire, c’est-à-dire à la construction et à la modernisation des infrastructures nécessaires au stockage et à la distribution de l’électricité.
Mais est-ce suffisant ? Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (International Renewable Energy Agency – IRENA), les niveaux d’investissement restent inférieurs à 40 % de ce qui est nécessaire annuellement pour atteindre les objectifs de consommation nette zéro. Elle estime que les investissements dans les énergies propres doivent tripler d’ici à 2030 (4 000 milliards de dollars) – afin d’atteindre l’objectif d’une consommation nette nulle à l’échelle mondiale d’ici 2050.
Pour de nombreux investisseurs, le problème majeur reste la longueur des délais de mise en œuvre des projets durables. L’obtention d’un permis de construire pour de grands projets d’infrastructure peut prendre des années, en particulier dans les économies les plus développées.
Naturellement, les coûts de construction constituent un autre défi. Les prix de matières premières comme l’aluminium, le cuivre et l’acier – essentiels pour les câbles, les turbines et les panneaux photovoltaïques – ont considérablement augmenté, faisant grimper les frais généraux. A cela s’ajoute des coûts de la main-d’œuvre toujours plus hauts ce qui finit de peser sur le rendement recherché des investissements.
Opportunités pour les investisseurs privés dans les infrastructures d’énergie propre
Ces facteurs signifient que les opportunités pour les investisseurs institutionnels dans ce secteur ont été limitées jusqu’à présent. Les chiffres de l’IRENA montrent que le total des fonds provenant des institutionnels n’a représenté que 1 % des investissements privés dans les énergies renouvelables, soit 2,5 milliards de dollars.
La plupart de ces fonds privés ont servi à financer des technologies plus établies telles que l’énergie solaire photovoltaïque et l’énergie éolienne terrestre, qui représentaient 84 % de ces fonds en 2020.
Thomas McMillan, directeur de Savills Energy, affirme qu’il reste des opportunités intéressantes pour les investisseurs dans ce secteur, en particulier en ce qui concerne les technologies qui soutiennent les énergies renouvelables, telles que le stockage de l’énergie et les technologies intelligentes.
« La transition vers les sources d’énergie renouvelables prend de l’ampleur à l’échelle mondiale, mais le taux de croissance est insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques internationaux. Cependant, la croissance que nous avons observée récemment pourrait bien être la partie émergée de l’iceberg. Avec les développements en cours, nous nous attendons à voir beaucoup plus de projets d’infrastructures renouvelables et de technologies intelligentes au cours des prochaines années.
Les sociétés immobilières devraient considérer ces projets comme une opportunité de diversifier les risques. Mais elles devraient également examiner leurs portefeuilles existants – et la manière dont l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et les technologies intelligentes peuvent être intégrées dans les actifs.
Il existe des opportunités d’investissement dans les infrastructures dans différentes régions du monde et il est clair que les pays qui peuvent moderniser leur infrastructure de réseau, réduire les problèmes de planification et offrir des opportunités d’investissement dans les infrastructures tertiaires présentent des options plus attrayantes pour les investisseurs.
Les politiques gouvernementales, en particulier celles qui créent un cadre à long terme pour encourager l’investissement institutionnel dans ces domaines stratégiques importants, peuvent apporter un soutien supplémentaire à cet égard.
En fait, un effort collectif de la part des gouvernements, du secteur privé et des communautés locales devient primordial si nous voulons réussir la transition vers un avenir énergétique plus vert et plus propre. »
Perspectives d’avenir
Dans ce contexte, l’infrastructure des énergies renouvelables est appelé à devenir de plus en plus important pour de nombreux investisseurs institutionnels et privés.
En entrant sur le marché de l’énergie, les investisseurs ne doivent pas oublier qu’elle est à la base de notre vie quotidienne. La technologie ne peut être alimentée sans elle. Les transports s’arrêtent sans elle. Sans elle, l’immobilier commercial et résidentiel ne peut prospérer.
Au total, l’AIE (International Energy Agency) estime que plus de 1 400 milliards de dollars ont été investis dans des projets d’énergie propre l’année dernière ; ce qui en fait une année record. La plus grande partie provient de la région Asie-Pacifique, suivie de l’Europe, puis de l’Amérique centrale et de du Sud, comme le montre le graphique ci-dessous.
Investissements annuels dans les énergies propres en pourcentage du PIB
Source: Recherche Savills, avec l’aide de l’ International Energy Agency (IEA)