La science derrière la collaboration
Des recherches récentes montrent que lorsque nous collaborons en équipe, les oscillations électriques de notre cerveau se synchronisent.
Hannah Critchlow, neuroscientifique de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) qui a mené l’expérience à l’appui de ce constat, affirme que cette synchronisation cérébrale renforce la capacité d’un groupe à innover et à résoudre des problèmes. Il est important de noter que les groupes atteignent un niveau de synchronisation nettement plus élevé lorsqu’ils travaillent ensemble en personne plutôt que virtuellement.
Cependant, maintenant que les modes de travail flexibles sont devenus la norme dans de nombreux pays, les avantages de la collaboration en face à face sont plus difficiles à exploiter. Certains dirigeants d’entreprise proposent un changement subtil des politiques de travail – en se concentrant sur le type de tâche à accomplir, plutôt que sur un nombre fixe de jours que les employés devraient passer au bureau.
Par exemple, une entreprise pourrait recommander aux employés de venir au bureau lorsqu’ils travaillent ensemble sur un projet de groupe. Ramboll, société internationale d’architecture, d’ingénierie et de conseil, a déjà adopté avec succès ce type de stratégie dans l’ensemble de ses activités.
Bien entendu, tous les employés ne peuvent pas organiser leur rythme de travail en fonction de cette approche. Pour de nombreux employés de bureau, une journée typique se compose d’un programme chargé de tâches diverses, y compris des projets d’équipe et du travail individuel.
Cette méthode de travail entraîne également une forte demande de salles de réunion et d’espaces de collaboration, bien que cela puisse être résolu en partie par des aménagements flexibles et une technologie intelligente de réservation de salles de réunion qui optimise l’utilisation de l’espace.
Pour encourager une culture de la collaboration au bureau, les aménagements devraient inclure des zones de pause flexibles et informelles, reliées par des passerelles à forte fréquentation, qui favorisent les conversations spontanées et ouvertes. Les espaces inspirés des cafés peuvent également constituer des lieux confortables pour partager des idées.
Comme l’explique Hannah Critchlow dans son livre Joined up Thinking : The Power of Collective Intelligence to Change Our Lives : « Il est peut-être vrai que les espaces de détente ne mènent pas à eux seuls à l’intelligence collective, mais il est également vrai que sans eux, elle ne se produira certainement pas. »
Travailler en se reposant, et non se reposer en travaillant
Les neurosciences démontrent également que de courtes pauses améliorent les performances cognitives. Des recherches menées par l’université de Sydney (Australie) ont montré que lorsque nous prenons des « micro-pauses » de 5 minutes, notre cerveau met en œuvre des processus essentiels qui reconstituent l’attention, augmentent la productivité et favorisent la pensée créative. Réfléchir à un projet dans un environnement détendu peut également favoriser les connexions entre les différentes zones du cerveau, ce qui permet de multiplier les moments « Eurêka ».
Les temps d’arrêt dans un environnement calme au cours de la journée réduisent également les effets négatifs du stress sur l’esprit et le corps. Des taux élevés de traitement de l’information et un flux constant de stimuli, tels que les notifications, peuvent entraîner un état d’alerte prolongé qui provoque un stress physiologique. Un exemple courant est le taux élevé de cortisol, l’hormone du stress, qui peut entraver le traitement mental et la mémoire.
Les recherches menées par le professeur Colin Ellard, de l’université de Waterloo, au Canada, sur l’influence des différents environnements bâtis sur le comportement cognitif ont révélé que même lorsque les gens se disent détendus, leurs marqueurs physiologiques reflètent souvent le contraire. Il s’agit d’une découverte importante, car notre physiologie régule notre santé.
De simples modifications de l’aménagement des bureaux peuvent persuader les employés de prendre de courtes pauses. « Les bureaux devraient offrir des espaces calmes et bien conçus pour les pauses mentales, et les employés devraient être encouragés à les utiliser », déclare Yetta Reardon Smith, Directrice chez Savills Workplace and Design. « Des espaces dotés d’un éclairage doux, d’éléments biophiliques (relatif à la connexion de l’homme avec l anature), tels que des plantes et du bois naturel, et de sièges confortables peuvent réduire le stress physiologique et favoriser la concentration ».
Les plantes purificatrices d’air, qui fournissent un air riche en oxygène, rétablissent non seulement les niveaux de concentration, mais contribuent à maintenir un environnement serein. Certaines études sur la façon dont le cerveau réagit à la couleur suggèrent que les tons doux de vert, de brun et de bleu favorisent la relaxation.
Des espaces pour stimuler le travail en solo
Les espaces dédiés au travail individuel requièrent une approche différente. Des recherches publiées cette année par l’Université de Liège (Belgique) suggèrent qu’une exposition à court terme à une gamme définie de niveaux de luminosité élevés peut améliorer les performances cognitives lors de tâches complexes.
La température joue également un rôle important dans les niveaux de concentration. Une étude du Centre des sciences sociales de Berlin et de l’USC Marshall School of Business en Californie a révélé que les performances cognitives des femmes s’améliorent avec une augmentation de la température d’un degré Celsius, tandis que les hommes obtiennent de meilleurs résultats dans un environnement plus frais.
Dans les espaces ouverts, une conception acoustique qui minimise les nuisances sonores peut devenir bien utile pour prévenir les distractions. Quant aux sollicitations visuelles, elles peuvent être réduites en installant des écrans de séparation entre les places assises et les allées.
Le travail vous empêche-t-il de dormir ?
L’apport des neurosciences est également à l’origine de progrès dans la conception de l’éclairage pour soutenir le rythme circadien. Les systèmes d’éclairage qui passent à une lumière plus chaude et de faible intensité en début de soirée peuvent aider les employés qui travaillent tard à ne pas souffrir d’une mauvaise nuit de sommeil – et de ses répercussions sur les performances cognitives.
L’influence croissante de la neuroarchitecture
Dans les années à venir, la révolution en cours dans la technologie de l’imagerie cérébrale, associée à une attention accrue portée à la neuroarchitecture, promet des découvertes passionnantes qui expliqueront davantage l’impact de l’environnement bâti sur le cerveau humain.
Attendez-vous à ce que ces découvertes aient de plus en plus d’impacts sur les décisions relatives à l’aménagement des bureaux.